Croissance, décroissance … Avons-nous le choix ?
Conférence-débat animée par Jean-Michel Hupé, chercheur CNRS en Ecologie Politique à l’université Toulouse Jean Jaurès, membre de l’Atelier d’Écologie Politique (atecopol.hypotheses.org)
En 2004, Paul Ariès, l’un des penseurs influents de la décroissance en France, publiait « Décroissance ou barbarie ». Le philosophe Japonais Kōhei Saitō, spécialiste de Marx, reprend cette idée dans un bestseller vendu à plus d’un demi-million d’exemplaires au Japon (Le Capital dans l’anthropocène, 2020), où il explique pourquoi la « barbarie » est la seule alternative à la décroissance. En 2022, Timothée Parrique publie « Ralentir ou périr ». Si on suit ces auteurs, il semble qu’on n’ait pas de meilleur choix que d’embrasser la décroissance. Et pourtant, nous laisse-t-on vraiment le choix d’orienter le fonctionnement socio-économique dans cette direction ?
En effet, comme expliqué dans Greenwashing, Manuel pour dépolluer le débat public (2022), un des trois biais caractéristiques de la pensée moderne et piliers du greenwashing est l’économisme. Cet économisme est souvent traduit par l’affirmation de Margaret Thatcher, « There is no alternative » (TINA). L’une des injonctions économiques les moins contestées est celle de la croissance économique. Au contraire, nous expliquerons la nécessité de contester cette injonction à la croissance. Il s’agira également de montrer en quoi les perspectives de la décroissance, objet de travaux académiques de plus en plus nombreux, sont enthousiasmantes : le concept de la décroissance est en effet souvent confondu à tort avec la récession, alors qu’il s’agit d’une proposition de système économique alternatif où il serait possible d’avoir de la prospérité en l’absence de croissance économique. Selon Parrique, son objectif est en effet de « réduire la production et la consommation pour alléger l’empreinte écologique de manière démocratiquement planifiée, dans un esprit de justice sociale, et dans le souci du bien-être ».